Le Paraguay, vu de là-bas

 

¡A dentro!

les Art-terriens, le 6 mai 2011,

 

Notre visite au Paraguay est arrivée à son terme, et nous voilà tout juste de retour en France. Pendant notre séjour, nous avons été très occupés et nos écrits se sont fait dépasser par le temps. Mais comme nous voulons tout vous raconter, nous allons continuer d’écrire et de mettre en forme nos notes sur ce site, si bien que vous pourrez continuer à suivre l’aventure, même en différé. Peu importe puisque nous n’avons pas de scoop, juste la richesse du temps passé avec les gens.


 

San Pedro de Ycuamandyyú, une petite ville de 12000 habitants, capitale du département de San Pedro, avait été une de nos étapes paraguayennes en 2008, lors de notre tour du monde. Au moment de notre passage, c’était Noël en plein cagnard, et le maire nous avait offert l’hospitalité dans la maison des professeurs de l’Université, alors inutilisée puisque c’était les vacances.

Pour les gens du Paraguay, San Pedro de Ycuamandyyú, c’est dans le Nord, même si sur la carte du pays, ça ne l’est pas tant que ça ! Tout est relatif…

Quand nous y retournons cette année, nous n’avons rien de prévu concrètement, et ne savons pas encore comment nous nous organiserons. Heureusement, Judith, qui travaille à la Radio Nacional del Paraguay, est originaire de San Pedro et nous offre une première nuit d’hospitalité dans sa maison coloniale magnifiquement restaurée. Nous avons l’impression de dormir dans un musée !


Dès le lendemain, nous nous lançons à la recherche de nos amis Pastor et Marcelo.

Pastor était maire de San Pedro quand nous étions passés en 2008. Aujourd’hui, il ne l’est plus parce qu’au Paraguay, un maire ne peut pas prétendre à plus de deux mandats. Il a donc laissé sa fonction. Nos retrouvailles sont enthousiastes ! Pastor se met tout de suite en charge de nous trouver un toit où rester et il nous offre trois nuits d’hôtel, le temps de régler la situation. Il nous installe finalement dans une maison familiale non habitée en ce moment. Comme l’habitation est vide, il nous dégote une plaque électrique, de la vaisselle, trois chaises, un matelas, des draps, un ventilateur… Quel dévouement et quelle efficacité !

art-terre - anamar

En soirée, il nous invite à boire un verre dans un bar-restaurant de la ville, Anamar. Le lieu est très beau, avec une immense roue de charrette qui orne sa façade. Au Paraguay, il est plutôt rare de voir des bâtiments modernes décorés avec des objets rustiques. Pastor nous explique que c’est la roue du char de son grand-père, qui servait jadis à transporter les énormes troncs d’arbres. Hugo, le patron, nous propose de venir jouer la sérénade aux amoureux deux jours plus tard le 14 février, en compagnie du Trio Ysyry, un groupe local qui interprète des chansons traditionnelles paraguayennes : polkas, guaranias… La soirée est chaleureuse et l’ambiance monte au fur et à mesure que les chansons s’enchaînent. On pousse les tables et on s’assoit en rond autour de Don Lilo et sa guitare. La nuit passe en chansons et en poèmes jusqu’au petit matin, entre une trentaine d’amoureux amateurs de joie, de belles lettres et de belles mélodies.

art-terre - anamar



La maison de Marcelo n’a pas bougé, alors nous lui rendons une visite dès notre arrivée, à l’improviste. La surprise est totale, et les retrouvailles très chaleureuses. Sa maman nous serre dans ses bras, et nous invite à un véritable festin dès le lendemain.


art-terre - guyra campana

Marcelo nous entraîne avec lui à une répétition de danse qu’il anime. Il s’agit d’un groupe artistique qui se prépare au défilé du Carnaval de la fin de la semaine. Nous rencontrons ainsi la Guyra Campana et sommes intégrés à la samba collective. La Guyra Campana est constituée de joyeux lurons qui sont là pour profiter de la vie et de la joie qu’elle procure. Nicolas coordonne le collectif et rend possible les projets. Nina est la mascotte du groupe, comment ne pas tomber sous le charme ? Lita raconte des bêtises, et on ne sait plus distinguer le vrai du faux ! Il y a aussi Irena, Cesar, Sylvana, Modesta, Pedro… qui apportent chacun à leur manière une richesse au groupe. Pour l’occasion du Carnaval, ils ont invité des jeunes à se joindre au cortège. Nous constituons ainsi une troupe internationale intergénérationnelle !


Dès la première répétition, Marcelo nous concocte une chorégraphie. Puis, comme il accompagne plusieurs groupes, il nous laisse pratiquer de manière autonome pour se consacrer à des enfants qui veulent monter un ensemble de percussions et de samba dans un autre quartier de San Pedro. C’est le premier défilé de Carnaval à San Pedro, nous explique-t-on. Alors de nombreux groupes se préparent pour défiler ; certains sont déjà constitués, d’autres sont améliorés ou créés pour l’occasion.

art-terre - Marcelo Ortega

 

Pour notre part, nous continuons avec la Guyra Campana, ils nous ont bien adoptés ! Les répétitions ont lieu chaque jour. Au départ, nous sommes très ponctuels et nous confrontons à l’horaire paraguayen… parfois deux heures de retard, mais pas de stress ! Nous nous adaptons…

La veille du Carnaval, une répétition générale sans les costumes, afin de ne pas tout dévoiler, est prévue par les organisateurs. Nous sommes sur la place à attendre nos compagnons qui n’arrivent pas, quand une pluie torrentielle commence à s’abattre. Comme surgi du déluge, la troupe fait une apparition éclaire à la surprise générale. Ils sont déguisés en tout genre : il y a Zorro, une pin-up, un pirate…Rien à voir avec la répétition générale que nous attendions ! Nous les rattrapons au moment où ils quittent la place et fuyons le déluge en leur compagnie dans la benne d’un pick-up. Nous sommes trempés jusqu’aux os. La soirée se prolonge à l’abri, autour d’un verre, à raconter des histoires farfelues, à rire, pendant que la pluie continue de tomber.

art-terre - san pedro

 

Pendant toute la semaine, Kati, une couturière extraordinaire, après avoir pris nos mesures, confectionne les costumes. Le jour du défilé, nous avons la classe ! Les filles ont des jupettes courtes et volantes, les hommes des chemises rouges, amples et ouvertes, décorées d’un collier de fleurs.


art-terre - guyra campana

 

Juste avant la présentation, nous découvrons le char préparé pour l’occasion : un camion transformé en une île sur laquelle se pavanent trois sirènes en battant de la nageoire ! Le roi du groupe s’appelle Rey Mundo (Raymond et roi du monde). A l’aide de sa ligne, il cherche à pêcher une sirène…


art-terre - guyra campana

 

L’attente avant de défiler est longue. Au dernier moment, pour pallier un problème technique de la sono des organisateurs, Nicolas demande à quelques jeunes équipés d’un 4x4 et d’une énorme sono de nous précéder pour que nous écoutions le rythme de la samba. Et c’est parti !


art-terre - guyra campana

 

Les jeunes femmes en première ligne, les jeunes filles derrière et les vieux au fond, suivis du char aux sirènes qui tente de se frayer un chemin en marche arrière au milieu de la foule. Les pas de samba coordonnés, les farandoles qui se croisent et qui s’enroulent, la reine qui danse sur une table soulevée par les hommes… Notre show enthousiasme le public !


art-terre - guyra campana

 

Nous arrivons au bout de la place, encore tout étourdis par l’ambiance. Quelques instants plus tard, le jury déclare son verdict. « Premier prix : Guyra Campana ! » Nous sautons de joie en hurlant « Ganamos ! Ganamos ! », Nina se jette dans les bras du maire, nous nous félicitons mutuellement, et finissons la nuit à festoyer aux frais de notre prime.


art-terre - guyra campana

 

Dès les jours suivants, des gens nous disent : « vous avez défilé, je vous ai vu ! » Ou bien, « je vous ai écouté à Anamar ! » Une bonne introduction pour entamer la discussion et commencer à se connaître.


A bientôt

Gaëlle et Fabien

 

 

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