Rencontre avec des enseignants participant au programme

"Conectando Mundos" d'Intermón-Oxfam

les art-terriens, lundi 14 janvier 2013,


Quand nous étions enfants, nous apportions régulièrement à l’école un kilo de riz pour contribuer aux collectes en faveur des habitants d’Ethiopie, du Sahel ou d’ailleurs, qui souffraient de famine. Nous prenions conscience que certaines populations du monde soufraient et que nous les riches, devions donner aux pauvres une partie de notre richesse, et que notre charité contribuait à une vie meilleure sur notre planète.

Aujourd’hui, cette conception est dépassée. La relation de charité qui a la particularité de conserver le rapport hiérarchique entre l’aidant riche et l’aidé pauvre laisse place à une conscience mondiale défendant l’idée que tous les humains ont le Droit d’accéder à la même dignité dans le cadre d’une citoyenneté au niveau de la planète.

Il existe un espace commun, la Terre, où l’ensemble de l’Humanité se doit de coexister dans les meilleures conditions possibles pour tous.

Cela passe par la souveraineté alimentaire, l’équilibre durable de l’écosystème dans lequel nous vivons, le respect des Droits de l’Homme… en bref, la recherche d’un équilibre durable où l’ensemble de l’Humanité puisse vivre avec dignité. Un équilibre où chaque membre de l’Humanité a une part de responsabilité dans ses actes quotidiens.

L’école est le premier lieu de construction de cette conscience citoyenne mondiale, puisque les enfants sont très réceptifs aux enjeux de la planète et sont un vecteur efficace pour introduire ce changement de mentalité au sein des familles.



art-terre - conectando Mundos Intermon oxfam

Téré nous accueille en ce moment à Málaga, au sud de l’Espagne, pour que nous écrivions et traduisions un livre sur notre expérience au Paraguay en 2011, un projet que nous avions mené avec trois classes d’écoles primaires creusoises (voir le projet) dans le but d’ouvrir les enfants sur la découverte d’un pays lointain du monde et de ses liens avec notre vie quotidienne.

Téré fait partie de la branche andalouse de l’ONG Intermón-Oxfam, et nous introduit dans une session d’un groupe de travail sur le programme Conectando Mundos. Il s’agit d’une initiative pédagogique que nous trouvons vraiment intéressante, c’est pourquoi nous vous proposons une description modeste de ce programme ambitieux.

 

 

Conectando Mundos, dont la finalité est la construction d’une conscience citoyenne globale au niveau mondial, est une proposition pédagogique multimédia abordant chaque année une thématique sur laquelle les élèves travaillent en classe.

C’est aussi un espace de participation et d’échanges, sous la forme d’une plateforme internet,  entre des enfants issus de milieux très différents (au niveau social, urbain/rural…) qui partagent leurs recherches et leurs productions sur le thème proposé. 7 langues peuvent être utilisées (espagnol, catalan, galicien, basque, portugais, italien et anglais) et des traducteurs permettent des échanges au-delà des différences linguistiques.

Les objectifs du programme Conectando Mundos sont de favoriser le dialogue interculturel, de développer l’apprentissage coopératif et de réfléchir sur les causes des inégalités et de la pauvreté.

Durant l’année scolaire, le programme s’organise en plusieurs étapes. Tout d’abord, il s’agit de former les enseignants participants aux outils de la plateforme. Puis, la seconde phase, de 9 semaines, concerne le travail en classe des élèves ainsi que les échanges et les débats entre les classes de même niveau sur le réseau. En fin d’année scolaire, des rencontres sont organisées où les élèves présentent leurs productions. D’autre part, les productions et propositions des élèves alimentent les idées de la campagne CRECE "Alimentos, vida, planeta", qui cherche à améliorer les conditions des petits producteurs dans le monde, au niveau de l’accès à la terre, des techniques agricoles et de transformation des aliments…

Le programme Conectando Mundos existe depuis une dizaine d’année, de nombreux thème ont donc été abordés durant cette décennie : le droit du travail et le travail des enfants ; la construction de la paix ; la pauvreté ; l’or bleu et les problématiques de l’accès à l’eau ; le changement climatique et l’effet papillon ; « le rêve de l’hirondelle » qui aborde le thème des migrations ; « un monde qui change, un puzzle en construction » qui aborde le thème de la diversité ; « des graines pour un monde plus juste » qui aborde le thème de la souveraineté alimentaire.


 

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Cette année, le thème est « des recettes pour un monde plus juste ».

Est-ce que l’on a besoin de tout ce que l’on consomme ? D’où viennent les produits que nous consommons ? Comment ils sont produits ? Quels effets a mon modèle de consommation sur les producteurs et les pays d’origine ?

L’idée est d’amener les enfants à prendre conscience des injustices alimentaires, à observer et connaître la réalité de leur consommation locale et la comparer à d’autres réalités, à analyser les habitudes et les comportements, à réfléchir à des alternatives responsables de consommation et à sensibiliser leur entourage. Bref, à être plus critiques et responsables sur leurs habitudes de consommation.


 


Pour accompagner les enseignants et coordonner l’ensemble des classes participantes, un programme et des outils sont proposés pour chaque tranche d’âge sur la plateforme internet de Conectando Mundos.

Pour les 6 à 8 ans, un conte est utilisé pour amener les enfants à imaginer un menu. « Maria est une fillette de Bogota, Nicanor est un garçon d’un village andalou. Tous les deux trouvent une graine magique qui, au moment où ils la sèment, les transportent jusqu’à un jardin enchanté où Tallogan (une plante nouvelle dont personne ne sait encore quel fruit elle va donner) leur demande de l’aider à trouver un fruit qui soit bon pour toutes les personnes et pour la planète. Ainsi, Maria, Nicanor et tallogan vont faire des recherches sur les aliments, les menus, sur leurs propres habitudes, et se rendre compte qu’il y a une relation entre ce qu’ils consomment et la justice alimentaire. »

Les enfants de 8 à 10 ans doivent aider 3 super héros, Dhyetax, Ecoland y Dignitrón, dans leur mission de lutter contre l’injustice alimentaire qui menace la planète. Ils sont les Justiciers de la Faim ! Les Justiciers de la Faim guident les élèves pour que, partant de leur propre réalité (questionnaire sur les habitudes de consommation des aliments), ils identifient l’origine du mal (analyse de l’impact de la consommation alimentaire) et reçoivent les superpouvoirs qui les aideront à sauver la planète (propositions de consommation responsable). De cette manière, les enfants pourront intégrer le club des « Justicier de la Faim ».

Les 10-12 ans sont contactés par une scientifique spécialisée dans les biotechnologies, Cleo Patra, qui vient de l’année 2370 ! Cleo Patra fait partie d’un collectif de chercheurs ayant pour nom Groupe d’Equité Alimentaire (GEA) et qui mène des investigations sur la manière de pouvoir assurer une bonne alimentation pour tout le monde. En 2370, une autre planète de la galaxie, Kepler, semble vivre une situation similaire à celle de la Terre en 2013. Cleo Patra prend contact avec le groupe d’élèves pour qu’ils l’aide à obtenir des informations sur la situation de la Terre, et qu’est ce qui fut fait en notre temps pour qu’à son époque, soit assurée la justice alimentaire. Toutes les informations collectées et analysées par les élèves donnent lieu à un manifeste avec des recommandations pour la planète Kepler. Les élèves pourront également diffuser le manifeste dans leur entourage pour impliquer plus de personnes dans le changement du futur.

A partir de 12 ans, les élèves entrent à l’école secondaire, qui est l’équivalent de notre collège-lycée en France.

Les élèves de 12-14 ans réalisent un court-métrage d’une minute maximum, où ils donnent des informations sur leurs habitudes alimentaires et proposent des engagements de consommation responsable. L’ensemble des films sera présenté à l’occasion du festival « Court-métrages contre la Faim ».

Les élèves de 14-17 ans doivent réaliser la contre-publicité d’un aliment, qui puisse être diffusée dans un média (journal, tv, radio…), et qui doit refléter deux aspects : dénoncer la réalité de l’injustice alimentaire avec un slogan, des faits, des images… et faire des propositions positives pour changer la situation.

 

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Quelques professeurs nous exposent le travail effectué l’année dernière au sein de leurs classes. Nous sommes stupéfaits à la fois par l’implication des jeunes et par la qualité des productions qu’ils ont réalisées. Un court-métrage qui nous est présenté, notamment, nous touche par son esthétique, sa sincérité, son propos et sa qualité !

Dans le cadre de notre projet « le Paraguay, vu d’ici, vu de là-bas », nous avions déjà été surpris par les rédactions écrites par des élèves de CM1, dans lesquelles ils résumaient la situation du pays de manière incroyable tout en introduisant des notions d’Histoire, de Géographie, de Culture, de taux de change, de conscience de l’évolution de leurs préjugés etc…

En permettant aux enfants de se saisir d’un thème, de travailler en équipe, de favoriser le travail coopératif… ce type d’éducation et de pédagogie leur offre un espace de créativité qu’ils exploitent sans limite, et d’où émergeront sans doute les solutions pour le monde de demain.



 

 

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