Education à la Paix

et Journée de la Paix et de la Non-violence en Andalousie

les art-terriens,mercredi 20 mars 2013,

 

Pendant notre séjour en Espagne, notre amie Téré nous offre l'opportunité de mener plusieurs activités autour des thèmes de la Culture de la Paix et de l'Interculturalité. Elle est intéressée par le témoignage que nous pouvons apporter aux enfants, ainsi que par le moyen artistique que nous utilisons. Pour elle, c'est un belle occasion pour ouvrir les enfants dès le plus jeune âge sur le monde et sa diversité.

Nous notons que le thème de la paix occupe effectivement une place importante de l’enseignement, notamment en Andalousie, où a été élaboré un Plan d’Education pour la Culture de la Paix et de la Non-violence. Nous trouvons cette initiative intéressante, c’est pourquoi nous vous en livrons la traduction de l’introduction qui situe la Culture de la Paix par rapport à l’Education.

 

Ce plan s’appuie sur le fait que le système éducatif a parmi ses objectifs de former au respect des droits et des libertés fondamentales ainsi qu’à l’exercice de la tolérance et de la liberté au sein des principes démocratiques du vivre-ensemble, de la paix, de la coopération et de la solidarité entre les peuples.

Dans ce sens, le Ministère de l’Education et de la Science de la Junta de Andalouzia (Province de l’Andalousie), pour élaborer ce plan,  « s’est inspiré des multiples expériences de pratiques et de recherche sur le thème de la culture de la Paix développées par des personnes ou des groupes de personnes tout au long de l’Histoire de l’Humanité, ainsi que sur les valeurs fondatrices des Nations Unies et de l’UNESCO, dans le but de contribuer pour les générations actuelles et futures à une société andalouse plus juste et plus tolérante, respectant les vies et la dignité de chaque personne sans discrimination ni préjugé, rejetant la violence sous toute ses formes, cultivant la générosité afin d’en finir avec les exclusions et les injustices, défendant le dialogue, préservant la planète en promouvant une consommation responsable et un équilibre avec les ressources naturelles, et enfin aidant à la pleine participation de toutes et tous aux principes démocratiques.

 

art-terre - education à la paix - Andalousie

 

L’éducation joue sans aucun doute un rôle important dans le développement de la Culture de la Paix et de la Non-violence, caractérisée par le vivre-ensemble et la participation et le soutien aux principes de liberté, de justice sociale, de démocratie, de tolérance et de solidarité, qui refuse la violence, qui se consacre à prévenir les conflits à leurs racines et cherche des solutions positives et alternatives aux grands défis du monde moderne. C’est une Culture qui se réfléchit et s’inspire conjointement de valeurs, de traditions, de comportements et de styles de vie qui promeuvent et permettent l’exercice du droit à la paix des individus, des groupes et des nations.

 

 

 

Le premier engagement de n’importe quel projet pacifiste contemporain est de promouvoir la Paix dans toutes ses manifestations possibles, du niveau individuel au niveau international, des relations familiales aux relations politiques, des sentiments aux décisions économiques, etc… Il existe une multitude de réalités de paix qui doivent être reconnues, étudiées, encouragées et développées. Les actions quotidiennes sont pleines de pratiques pacifiques qui donnent du sens à nos vies et permettent que les individus, les groupes, les sociétés et l’humanité dans son ensemble puissent affronter avec un relatif succès une grande partie des défis qu’ils rencontrent. La communauté scolaire, non seulement n’est pas une exception à cette règle, mais elle constitue un domaine où la majorité des conflits se règlent de manière pacifique grâce au dialogue, à la coopération, à la solidarité et à l’aide mutuelle.

 

art-terre - education à la paix - Andalousie

 

La Culture de la Paix est un concept beaucoup plus vaste que la simple absence de violence. Les études de la communauté internationale soutiennent que la violence est évitable puisqu’elle n’est pas innée chez l’être humain et qu’elle doit être combattue dans ses causes économiques, sociales et culturelles pour comprendre ses différentes formes associées à l’insatisfaction des besoins humains. […]D’un autre côté, la formation à une citoyenneté capable d’affronter de manière créative et positive les défis du monde contemporain, comme la globalisation de l’économie, le phénomène de l’immigration ou les graves déséquilibres structuraux dont souffre la société actuelle, doivent constituer une finalité primordiale des politiques éducatives actuelles dans le monde entier. »

 

 

 

Le Plan propose des définitions, des références historiques, des objectifs et une méthode qui s’appuie sur 4 domaines d’action :

« . l’apprentissage d’un citoyenneté démocratique, dédicacée à la formation de citoyennes et de citoyens responsables, fournissant les connaissances et les compétences nécessaires pour rendre possible une participation active, créant les possibilités de dialogue et de réflexion, de résolution non violente des conflits, de communication et de réflexion qui permettent la prise de conscience des droits et devoirs de chacun, des valeurs  et des questions éthiques posées implicitement par chacun de nos actes et des problématiques actuelles. Cet apprentissage à la construction de la Paix doit être considéré comme un processus constant de trois dimensions étroitement liées : une dimension cognitive (assimilation des idées, concepts…), une dimension sociale (ensemble d’attitudes propres aux pratiques démocratiques) et une dimension affective (reconnaissance et assimilation de valeurs).

. l’éducation à la Paix, aux droits de l’Homme, à la démocratie et à la tolérance, comme un véritable apprentissage social qui non seulement apporte les connaissances essentielles sur la société et les manières d’y participer, mais aussi exige l’acquisition de stratégies de transformation, de conduite fondées sur des valeurs et socialement construites, qui répondent avec créativité aux nouvelles problématiques posées dans le présent et dans le futur.

. l’amélioration du vivre-ensemble scolaire, liée au fonctionnement des établissements et aux relations entre les éléments qui les composent, comme un espace ouvert et imbriqué dans la société dans lequel la coopération doit résoudre favorablement les conflits en s’appuyant sur l’autonomie et la responsabilité partagée.

. la prévention de la violence, à travers l’amélioration du climat au sein de l’établissement, le développement des aptitudes sociales et de communication, l’apprentissage de différentes techniques de résolution non-violente des conflits… »

 

 

A l’occasion d’une visite à Séville, Santi, que nous avons connu à travers Intermón-Oxfam, puisqu’il participe au programme « Conectando Mundos », ainsi qu’à un groupe de réflexion sur l’apprentissage coopératif, nous invite dans son établissement. L’école dont il est le directeur participe au programme « l’école, espace de paix » qui est l’application du Plan d’Education pour la Culture de la Paix et de la Non-violence. Dans ce cadre, Santi reçoit une petite enveloppe financière de la part du gouvernement de l’Andalousie et s’engage à organiser des activités promouvant la Culture de la Paix, la résolution non violente des conflits et le travail coopératif. A la fin de chaque année scolaire, il fait une évaluation des actions menées durant l’année et la soumet à une commission chargée du Plan.

Dans ce cadre, nous proposons un atelier discussion à deux classes de quinto grado (équivalent de notre CM2), auxquelles s’ajoutent quelques enfants d’une classe d’éducation spécialisée dont s’occupe Santi. En espagnol, avec l’aide d’un globe et de quelques extraits de notre spectacle, nous parlons aux enfants de notre expérience autour du monde, de nos stratégies de communication au-delà des différences de langues, de cultures, de modes de vie, de notre découverte de la générosité et de la solidarité humaine, de nos expériences de complicité et d'amitiés au delà des frontières…

 

 

Le même jour, nous rejoignons l’école de Carmen, qui fait partie également de Intermón-Oxfam et du groupe de travail sur l’apprentissage coopératif. Elle est institutrice en classe de grande section de maternelle, alors nous devons nous adapter au jeune âge des enfants.

art-terre - education à la paix - Andalousie

Nous contons à ses élèves notre voyage autour du monde de façon imagée, en l'illustrant par des scénettes, de la danse et des musiques collectées au cours du voyage... Nous notons la grande spontanéité et le bon sens remarquable des enfants de cet âge. Carmen nous parle de sa méthode d’enseignement avec les enfants de 5 ans. Elle utilise peu l’apprentissage par les livres, et favorise la propre expérience des enfants. Pour ce faire, l’argent que les parents auraient passé dans des manuels scolaire est collecté pour l'achat de matériel tel qu'un microscope, ou bien pour organiser des sorties pédagogiques. Au sein de sa classe, elle amène les enfants à effectuer des recherches par petits groupes au sein desquels chacun a un rôle à jouer : l’un doit réguler les discussions, l’autre doit inscrire les résultats sur papier, l’autre est chargé de la restitution de la recherche au niveau de la classe. Une fois le travail par groupe réalisé, la maîtresse convoque toute la classe en Assemblée Plénière. Les rapporteurs de chaque groupe doivent communiquer à la classe entière et expliquer le résultat de leurs recherches. Carmen nous témoigne de l’efficacité de cette méthode qui montre des effets incroyables sur la motivation des élèves, leur prise d’assurance progressive, l’esprit de coopération qui s’installe au sein de la classe… Pour elle, c’est un vrai bonheur ! Pour nous, nous ne pensions pas qu’une telle méthode pouvait être si efficace auprès d’enfants si jeunes !

 

art-terre - education à la paix - Andalousie

 

En Espagne, la journée scolaire de la paix et de la non-violence se célèbre le 30 janvier de chaque année, en commémoration de l’assassinat de Mahatma Gandhi en 1948. A cette occasion, tous les établissements scolaires organisent des ateliers éducatifs et des évènements.

A cette occasion, nous sommes invités au sein de l’école de Alhaurin el Grande, dans le but de proposer aux élèves de 4 et 5 ans, un regard sur le monde et sur l’interculturalité. Au départ, nous sommes un peu perplexes : comment parler à des enfants si jeunes du thème de la paix et de l’interculturalité pour que cela ait du sens pour eux ? D’autant plus qu’ils sont 70 à chaque atelier…

Notre amie Téré nous donne quelques pistes, et nous nous inspirons de ses manières de faire ainsi que de celles de Carmen que nous avons vues à l’œuvre auprès de jeunes enfants. Nous nous appuyons aussi sur nos différentes expériences d’ateliers menés depuis le début de notre séjour autour de Málaga. Nous sommes intervenus à l’Hôpital de Torre del Mar, au sein du service de Pédiatrie ainsi qu’à l’hôpital de jour du secteur psychiatrique. Nous avons menés aussi des activités auprès d’enfants qui apprennent la musique au sein d’une école mise en place par une banda musicale de Alhaurin el Grande. Nous avons visité des enfants victimes de maltraitance qui sont recueillis au sein d’un foyer et leur avons proposé une activité autour des musiques et des danses du monde.

 

art-terre - education à la paix - Andalousie

 

Nous leur racontons l’histoire d’un grand voyage, de gens qui ne parlent pas notre langue, qui disent oui comme s’ils disaient non… Nous avons remarqué que l’intonation joue un rôle très important pour stimuler l’attention des enfants. Alors nous dynamisons notre récit par des intonations exagérées, par l’interpellation de notre auditoire, par des questions… Nous jouons des musiques aux sonorités différentes qui ponctuent notre histoire.

 

 

 

Tous les enfants sont vêtus de blanc, et nous leur demandons pourquoi. « Parce que c’est le jour de la Paix » nous répondent-ils. « mais, c’est quoi la paix ? »

« c’est quand on ne se dispute pas avec nos camarades », « c’est partager », « c’est être gentil », « c’est jouer avec mes amis », « c’est ne pas être méchant », « c'est avoir plein d'amis», « c’est ne pas se chamailler », « c’est prêter mes jouets », « c’est chanter », « c'est danser ensemble »

Et bien tout ça, pendant notre voyage, en Afrique, en Asie, en Amérique, en Europe, partout dans le monde, ça a été possible avec des gens tous différents ! Nous avons réussi à nous faire des amis partout dans le monde !

Quand, à la fin de la séance, l’instituteur propose aux enfants qui le souhaitent de venir nous faire une bise, nous nous retrouvons submergés par une marée de petites frimousses souriantes !

Et bien, c’est chouette la paix ! Et si le jour de la paix, c’était tous les jours ?!

 

art-terre - education à la paix - Andalousie

 

A l’issue de la journée d’école, une célébration est organisée dans la cours. Tous les élèves, de 3 à 12 ans, présentent ensemble une danse collective de la paix, constituée de mouvements évoquant l’ouverture vers les autres. Les élèves les plus grands lisent des textes au micro. D’autres ont préparé une chanson avec la professeure de musique. L’évènement est clôturé par un lâcher de trois colombes, celles de la responsable de la vie scolaire qui nous explique que les oiseaux reviendront d’eux-mêmes chez elle dès le lendemain, après leur journée de liberté.

 

 

 

 

 

 

retour aux dernières nouvelles

 

 

 

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir